La place des femmes dans la société américaine
des seventiesThe Feminine MystiqueLes années 60 et 70 sont marquées par de nombreuses victoires en faveur des Droits des Femmes, et ces deux décennies modifient profondément les mentalités des Américains quant à la place des femmes dans la société. En 1963 est publié
The Feminine Mystique de Betty Friedan ; elle y critique notamment l’
image de la femme dans les médias et s’attaque à l’idée selon laquelle la famille nucléaire est le seul modèle de bonheur pour les femmes. Le livre trouve un tel écho dans la société américaine qu’il est souvent désigné comme l’élément déclencheur de la seconde vague féministe aux Etats-Unis puis dans le monde occidental.
Publicité des années 1940
Etudes supérieures & EmploiDans les années 1970, les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire des études supérieures et aspirent à des carrières longues. En 1976,
16% des Américaines possèdent un Bachelor, diplôme sanctionnant 4 années d’université, et elles vont peu à peu devenir majoritaires dans les universités. Si dans les années 1960, elles occupaient principalement les filières dites « féminines » (enseignement, soin, secrétariat, etc.), les jeunes Américaines sont
nombreuses à intégrer les filières « masculines » à partir des années 1970, telles que le
business management.
Après la Seconde Guerre Mondiale, les Américaines investissent massivement le marché de l’emploi, encouragées par de nouvelles lois interdisant les discriminations à l’embauche en raison du sexe ou de la « race ». Les femmes qui travaillent sont dans un premier temps majoritairement célibataires et sans enfants. En 1976,
environ 55% des femmes de 15-64 ans exercent un emploi ; et le fait d’être en couple ou d’être mère ne représente plus un frein, comme cela a pu l’être une décennie auparavant. Si la notion « à travail égal, salaire égal » entre dans la législation américaine en 1963, l’
écart entre le salaire d’une femme et d’un homme à postes égaux est de 28% en 1970.
Mariage & FamillePuisqu’elles s’investissent davantage dans leurs études pour avoir un meilleur accès à l’emploi et construire des carrières durables, les jeunes Américaines des
seventies se marient plus tard que leurs aînées. Les années 1970 sont aussi marquées par une
explosion des divorces, facilités notamment par la mise en place d'
aides sociales pour les mères célibataires et la
légalisation du divorce par consentement mutuel. Malgré tout, le mariage reste une institution à laquelle les Américaines sont très attachées :
il est très rare pour un couple de cohabiter sans être marié, et les
naissances hors mariage sont encore mal vues (bien qu’elles soient en forte augmentation).
Bien que les
mariages interraciaux/mixtes soient légaux depuis 1967, ils sont encore désapprouvés par plus de 60% de la population américaine au milieu des seventies, et largement minoritaires (0,7% de mariages enregistrés aux Etats-Unis en 1970). A cette époque, le
mariage homosexuel n’est même pas un sujet, puisque l’homosexualité est encore perçue comme un crime passible de peine de prison dans la majorité des états, y compris en Californie jusqu’en 1976.
La décennie est marquée par deux victoires majeures pour les droits des femmes, leur garantissant le
contrôle de leur reproduction et favorisant la
libération sexuelle : l’
accès à la contraception pour tous en 1972 (elle était depuis 1965 réservée aux couples mariés) et le
droit à l’avortement en 1973.
Quelques statistiques de 1976 aux Etats-Unis : —
21 ans : âge médian des femmes lors de leur premier mariage (23 ans pour les hommes)
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24,5 ans : âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant
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3,09 : taux de fertilité (nombre moyen d’enfants par femmes)
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92% des femmes de plus de 25 ans sont mariées
Second-wave feminismLa
première vague féministe (XIXème et début du XXème siècle) permit aux femmes de conquérir le précieux
droit de vote (1920). Aux Etats-Unis, ce mouvement fut plutôt modéré et conservateur ; la seconde vague féministe sera toute autre. Radical et révolutionnaire, le mouvement féministe des années 1960 et 1970 oeuvre pour permettre aux femmes de contrôler leur sexualité et leur reproduction, en plaçant l’
accès à la contraception et le
droit à l’avortement au coeur de son combat. Parce que, n’oubliez pas :
the Personal is Political (le personnel est politique).
Cette seconde vague, que l’on appelle aussi le
mouvement de libération des femmes, s’illustre dans toutes sortes d’actions provocatrices : funérailles de la féminité traditionnelle organisées dans le cimetière militaire d’Arlington (1968), couronnement d’une brebis « Miss America » pour protester contre les concours de beauté (1968), poubelles recueillant les symboles d’une féminité corsetée : soutiens-gorge, gaines, faux-cils.
Ce bouillonnement de revendications, de contestations et d’idées crée des divisions au sein du mouvement féministe. On retient notamment le
Black Feminism, qui devient populaire dans les années 60 : il répond à la fois au sexisme qui imprègne le mouvement des droits civiques et au racisme présent dans le mouvement féministe. Le Black Feminism est porté par des intellectuelles noires américaines comme Angela Baker, qui lie les violence sexistes aux violences racistes, mais également aux violences capitalistes (qui touchent les classes les plus pauvres et donc de nombreux noirs américains).
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Pour aller plus loin + Sources :— Féminisme aux Etats-Unis (Wikipedia)
— Les femmes sur le marché du travail aux Etats-Unis
— Ideas of the 1960s/1970s Women's Movement