CONTEXTE · Los Angeles, 1976

Los Angeles, 1976.

Le soleil brille sur la Cité des Anges. Il darde ses rayons et se reflète, comme une boule à facettes en perpétuel mouvement – de celles qui font chavirer les têtes. On arpente les boulevards sans fin, on lit les noms familiers sur les panneaux que l'on croise. Sunset Boulevard, Melrose Avenue, Rodeo Drive, autant de noms que d'étoiles dans les yeux. On se pavane en décapotable provocatrice, lunettes aux couleurs criardes vissées sur le visage, cheveux blond paille volant au vent. La chaleur est étouffante, mais la vie bat son plein. Sur le pavé se côtoient écrivains qui se rêvent célèbres, starlettes au bord du précipice, aspirants artistes de toutes trempes, dont les rêves s'envolent, haut, jusque dans les collines. Là-bas, les habitués des premières pages des tabloïds se prélassent au bord de la piscine, Tequila Sunrise dans une main, cigarette dans l'autre. On écoute du rock, on fume, on boit, on plonge tête la première dans la décadence toute singulière de l'époque. Là, le bitume autrefois quotidien semble bien loin.

La nuit enveloppe la ville, qui tombe les dégradés crépusculaires pour se parer de ses néons criards. Les boulevards se croisent en parfaits angles droits, austères et arrogants, à l'image de cette ville qui fait la gloire des uns et la chute des autres. C'est l'heure des réceptions cossues se terminant dans les chambres légendaires du Château Marmont, des nuits de débauche dans les villas nichées dans les collines, des rencontres qui changent une vie et d'une ivresse dans laquelle on se jette à corps perdu. Quand vient la nuit, la Cité des Anges n'a plus rien de céleste ; enfin, la voilà qui livre ses secrets. Désormais, les mots se murmurent, se déguisent derrière des masques de sourires, car si les choses se savent, elles ne se disent pas. Dans cette ville où tout brille, le silence, lui aussi, est d'or.